Pour Lionel Maurel, il est essentiel de comprendre comment les communs nous sont présentés. Les auteurs aiment créer des typologies et des cartographies, ce qui est utile, mais cela peut entraîner des sous-entendus. Un problème majeur est que nous supposons souvent qu'un commun numérique n'est jamais culturel, ou qu'un commun social n'est pas naturel. Cette fragmentation risque de créer des antagonismes. La distinction par exemple entre les communs matériels et immatériels est une problématique. Il revient sur l'origine des communs de la connaissance et des communs immatériels.
Elinor Ostrom et Charlotte Hess ont introduit le concept de communs de la connaissance. Cependant, il y a une distinction erronée dans la manière dont elles ont présenté les choses, elles n'ont jamais dit ça. Nous sommes confrontés à une vulgarisation des communs, à une diffusion des communs, qui amène à des simplifications de ces concept. Mais c’est très dur de simplifier Ostrom ! Dans leur ouvrage de 2007,"Understanding Knowledge as a Commons"1, il est mentionné que les communs de la connaissance ont une dimension matérielle. Ostrom démontre que les communs matériels ou naturels sont des communs de la connaissance. Cette leçon initiale d'Ostrom et Hess, souvent oubliée, éclaire la réflexion.
Les communs de la connaissance ont une dimension biophysique. Ostrom et Hess proposent le modèle Institutional Analysis and Development2 (IAD) pour décrire ces caractéristiques. Par exemple, une forêt, divisée en deux : un système de ressources et ce qui produit des unités de ressources que les communautés d'usagers vont exploiter. Les caractéristiques de la communauté et les règles en usage sont également importantes. Pour les communs de connaissance, il faut ajuster le modèle pour inclure des éléments humains et non-humains, des infrastructures, des artefacts et des idées.
Lionel Maurel revient sur un article3 paru en 2003, par Charlotte Hess, bibliothécaire, elle explique qu'un commun de la connaissance comprend des idées (immatérielles) mais qu'elles ne sont jamais séparables des artefacts (des livres) qui, eux, ne sont rien sans une infrastructure (bibliothèque). Ils ne peuvent pas être séparés, ils forment un agencement, comme le dit Latour. Hess et Ostrom ne séparent pas les artefacts, les objets numériques et les objets dits physiques, tels que les livres, les articles, les pages web, les bases de données, les fichiers.