Pour rappel, un commun est défini comme "une ressource produite et/ou entretenue collectivement par une communauté d’acteurs hétérogènes, et gouvernée par des règles qui lui assurent son caractère collectif et partagé. Il est dit numérique lorsque la ressource est dématérialisée : logiciel, base de données, contenu numérique (texte, image, vidéo et/ou son), etc." (définition du Labo Société Numérique, espace de documentation et de réflexion sur les enjeux sociétaux du numérique de l'État français).
Nous allons voir ici le principe de ces communs et des exemples avec différentes ressources.
Le début du mouvement des communs dans l’éducation
Comme le souligne Sophie Touzé dans son article “Les communs, le numérique et l’éducation” en 20211 le mouvement de l’open education a été lancé au début des années 2000 aux États-Unis par le Massachusetts Institute of Technology (MIT - lien externe), “en s’alignant spontanément sur le principe des communs :
une ressource pédagogique ouverte qui englobe des ressources d’enseignement, d’apprentissage et de recherche, les Open Educational Resources (OER), des outils, les Open Educational Tool (OET) et des pratiques, les Open Educational Practice (OEP) ;
une communauté ou plus exactement un ensemble de communautés dont les plus emblématiques sont l’Open Education Consortium (OEC), The Open University, l’OER for Development (OER4D), le Community College Consortium for Open Educational Resources (CCCOER), SPARC… ;
et des normes et règles d’organisation du partage de ces ressources pédagogiques ouvertes et de leur protection contre l’enclosure, dont les licences Creative Commons (CC).”
Cette expression "OER", traduite en français par REL, Ressouces éducatives libres, a été adoptée pour la première fois lors du forum de l'UNESCO en 2002 sur l'impact des logiciels de cours libres pour l'enseignement supérieur dans les pays en développement2. L'Unesco définit les REL comme "des matériaux d’enseignement, d'apprentissage ou de recherche appartenant au domaine public ou publiés avec une licence de propriété intellectuelle permettant leur utilisation, adaptation et distribution gratuite".
1 Sophie Touzé (2001), Les communs, le numérique et l’éducation - lien externe
2 Unesco, forum 2002 sur l'impact des logiciels de cours libres pour l'enseignement supérieur dans les pays en développement, texte intégral - lien externe
Les REL
Les REL, ressources éducatives libres, sont donc un exemple de commun numérique.
Ce concept de REL a été inspiré par les concepts connexes de logiciel libre et l'open source, les données ouvertes et le libre accès, mais dans ce contexte, elles concernent les créations de nature pédagogique (cours, exposés, didacticiels, etc.).
Les REL peuvent prendre la forme de :
Ressources d'apprentissage : logiciel de cours, modules de contenus, objets d'étude, soutien aux étudiants et outils d'évaluation, et comme communautés d'étude en ligne ;
Ressources de soutien pour les enseignants : outils pour les enseignants et matériels de support pour leur permettre de créer, d'adapter, et d'utiliser les REL, ainsi que comme matériaux de formation et autres outils d'enseignement pour enseignants ;
Ressources pour assurer la qualité de l'éducation et des pratiques éducatives.
Sophie Touzé résume la typologie de cette manière suivante : “une REL peut être un élément de cours (texte, image, son, vidéo, animation, simulation), un cours (poly, manuel, podcast, Mooc, app, jeu), un diplôme (Z degree), assorti d’autorisations d’accès, de réutilisation, d’adaptation, de remix et de redistribution.1“
Les ressources éducatives libres participent aussi à l'éducation ouverte et aux pratiques éducatives ouvertes. Elles s'appuient également sur des licences libres ou ouvertes comme les licences Creative Commons ouvertes qui offrent les permissions d'adaptation et modification à un tiers utilisateur. Il s’agit de 6 types de licences qui, par l'usage de la clause Copyleft garantissent la réciprocité du partage en cas de modification et diffusion.
1 Sophie Touzé (2001), Les communs, le numérique et l’éducation - lien externe
L'Unesco et les communs
Les ressources éducatives libres (REL) sont au cœur des préoccupations de l’Unesco qui voit en elles un moteur essentiel pour l’objectif de développement durable : l’éducation pour tous. Donner un accès plus ouvert à la connaissance change la donne dans les pays en voie de développement, par exemple en Afrique ou en Inde.1
1 Entretien avec Colin de la Higuera, - lien externe professeur d’informatique à l’Université de Nantes, titulaire de la chaire Unesco en ressources éducatives libres et intelligence artificielle.
L'Open Science
L'Open Science ou Science Ouverte en français est "un mouvement qui cherche à rendre la recherche scientifique et les données qu'elle produit accessibles à tous et dans tous les niveaux de la société.Pour cela, la science ouverte s'appuie fortement sur le recours à l'Internet ouvert, à l'open data, aux outils de travail collaboratif, à la formation en ligne et au web social de manière à rendre la recherche scientifique et ses données accessibles à tous (amateurs et professionnels). Parce que volontairement et activement ouverte, elle peut aussi favoriser la multidisciplinarité de la recherche et éventuellement un caractère multilingue en considérant la science et les données comme un "bien commun"1.
La science ouverte en France bénéficie d'un plan d'action du gouvernement2. Selon le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, "la science ouverte est la diffusion sans entrave des publications et des données de la recherche. Elle s’appuie sur l’opportunité que représente la mutation numérique pour développer l’accès ouvert aux publications et – autant que possible – aux données de la recherche."
Le CNRS, propose 4 catégories concernant la Science Ouverte3 :
- Publier mes articles en accès ouvert
- Accéder à la documentation scientifique
- Partager mes données de recherche
- Explorer les résultats de la recherche
Le développement de la science ouverte répond à des enjeux scientifiques et aussi économiques exigés par l’Union Européenne et les principaux financeurs nationaux comme l’ANR - lien externe, l'Agence Nationale de la Recherche, par exemple. Le principe de l’accès ouvert s’applique aussi aux données de la recherche, permettant ainsi à tout le monde d’y accéder, de les utiliser ou de les partager. Les critères essentiels de l’Open Data sont donc la disponibilité, la réutilisation et la distribution, et la participation universelle, selon les principes FAIR4.
L’archive ouverte HAL - lien externe, développée en 2001 par le centre pour la communication scientifique directe - lien externe (CCSD), destinée au dépôt et à la diffusion d’articles scientifiques (publiés ou non), de thèses et d’autres objets. Cette archive française pluridisciplinaire permet la diffusion des savoirs de l’ensemble de la communauté scientifique et universitaire française et la construction de nombreux services. L’archive ouverte nationale HAL est notamment préconisée pour la diffusion en accès ouvert des publications. L’horizon fixé pour les données de recherche est de les rendre « Faciles à trouver, Accessibles, Interopérables et Réutilisables (FAIR) ». Contrairement aux réseaux sociaux académiques (ResearchGate, Academia), une archive ouverte garantit la conservation pérenne et l’accessibilité à un large public5.
Les fablabs
"Un fab lab ou fablab (contraction de l'anglais fabrication laboratory, « laboratoire de fabrication ») est un tiers-lieu de type makerspace cadré par le Massachusetts Institute of Technology (MIT - lien externe) et la FabFoundation - lien externe en proposant un inventaire minimal permettant la création des principaux projets fab labs, un ensemble de logiciels et solutions libres et open-sources, les Fab Modules, et une charte de gouvernance, la Fab Charter.1" En effet la dénomination de fablab est soumise à la charte des Fab Labs définie par le MIT et disponible sur leur site - lien externe .
Les fab labs sont basés sur les principes d’ouverture et de collaboration. Ils s’appuient sur des machines de fabrication numérique et des réseaux qui permettent de s’échanger des fichiers dans le monde entier. Par exemple un objet peut donc être conçu dans un fab lab, fabriqué dans un autre et amélioré dans un troisième.
Un fablab est un lieu ouvert à des personnes qui ont des idées et des projets et qui souhaitent les formaliser au stade de prototype.