Public Sénat - Article publié par François Vignal, le 23/02/2024
Sur les 10 milliards d’euros d’économies, la recherche et l’enseignement supérieur sont mis à contribution pour près d’un milliard. Une saignée dénoncée par les sénateurs de la commission de la culture et de l’éducation. « Cette coupe budgétaire rentre en totale contradiction avec la loi de programmation de la recherche », dénonce Laurent Lafon, président de la commission. Le ministère évoque des « ajustements sur les appels à projets de l’Agence nationale de recherche » et assure que « l’ensemble des engagements sur la vie étudiante […] sera bien sûr tenu ».
La douche froide. En annonçant 10 milliards d’euros d’économies à coups de rabot budgétaire sur tous les ministères, le gouvernement ne fait pas dans la dentelle. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, entend maintenir son objectif de baisse du déficit, sans augmenter les impôts. Résultat, il tranche partout. Parmi les budgets les plus touchés, la recherche et l’enseignement supérieur paient un lourd tribut, davantage que son poids dans le budget global. Au total, ce n’est pas moins de 904,2 millions d’euros, soit près d’un milliard de crédits, qui sont annulés, alors que la ministre Sylvie Retailleau s’enorgueillissait d’un budget en hausse de 1,2 milliard d’euros pour son ministère, à la fin de l’année 2023… La hausse subsiste certes, mais elle passe à 300 millions d’euros.
L’Université Jean Moulin Lyon 3 attaque le décret devant le Conseil d’Etat « afin de le faire annuler »
Selon le décret d’annulation des crédits, signé par Matignon, c’est la mission 172 du budget, celle sur « recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires » qui porte le gros de l’effort, avec 383 millions d’euros en moins. Elle finance notamment le CNRS, ou des organismes comme l’Inserm, ou encore l’ANR (agence nationale de la recherche). Suit la « recherche spatiale », avec 192 millions d’euros en moins, la « vie étudiante » pour 125 millions, la « recherche dans les domaines de l’énergie, du développement et de la mobilité durable » à hauteur de 109 millions d’euros. Le programme 150 « formations supérieures et recherche universitaire », soit les universités, subit une coupe de 80 millions d’euros, 10 millions pour la « recherche et enseignement supérieur en matière économique et industrielle » et enfin 3,9 millions pour « enseignement supérieur et recherche agricole ».
Ces économies annoncées du jour au lendemain interrogent fortement les acteurs du milieu de la recherche et du supérieur. Quels opérateurs seront concernés ? Des projets de recherche vont-ils s’arrêter ou être annulés ? Y aura-t-il des conséquences en termes de postes ? Et quid des universités, déjà à l’os ?