Revue de littérature #68

Une école en « transition numérique », vraiment ?

Article The Conversation de Jean-François Cerisier Jean-François Cerisier, professeur de sciences de l'information et de la communication, Université de Poitiers, publié le 16 janvier 2024.

"Lorsqu’elle augmente brusquement, la fréquence d’utilisation de certains termes dans les discours politiques et institutionnels constitue une alerte significative pour identifier des prêts-à-penser et une invitation à les déconstruire.

Le numérique scolaire n’échappe pas à ces « buzzwords » et l’on se souvient pêle-mêle de l’enseignement assisté par ordinateur, de l’interactivité et de l’e-learning des années 1980. Puis, dans les années 2000, on a plutôt parlé de numérique, plus récemment de l’hybridation. Aujourd’hui, ce sont l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle qui sont sur le devant de la scène.

Deux expressions ont acquis ces dernières années une place de choix dans le lexique des politiques publiques de l’éducation comme dans celui de tous les acteurs de l’éducation : « transition numérique » et « écosystèmes d’innovation », les deux étant souvent mobilisés conjointement. Ainsi, les institutions scolaires et universitaires seraient-elles engagées dans une transition numérique s’appuyant largement sur la dynamique d’écosystèmes le plus souvent territorialisés et favorables à l’innovation.

Bien que cette assertion puisse sembler évidente, elle mérite d’être confrontée d’une part à la littérature scientifique et d’autre part aux réalités de terrain. C’est à cette mise en perspective que les différents partenaires du projet REVE, soutenu par la direction du numérique pour l’éducation du ministère de l’Éducation nationale, ont travaillé entre janvier 2021 et décembre 2023. Et c’est en grande partie sur la base de leurs travaux que cet article a été rédigé."

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Recension - Anne Cordier, Grandir informés

Recension de Florence Michaux-Colin, doctorante en sciences de l'éducation

Huit ans après « Grandir Connectés », le dernier ouvrage d’Anne Cordier « Grandir informés », est paru en juin 2023 aux éditions C&F dans la collection « Les enfants du numérique ». Elle y fait le bilan du suivi pendant sept ans de 12 enquêtés sur les15 rencontrés dans le précédent opus. Anne Cordier est professeure des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine et chercheuse au Centre de recherche sur les médiations (CREM). En douze chapitres thématiques à travers lesquels elle invite le lecteur à circuler librement, c’est une carte de l’écosystème informationnel juvénile qui se dresse à travers ses lieux, ses objets et ses usages.

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L’éducation, nouvel eldorado pour les entrepreneurs ?

Article de The Conversation, par David Giband, professeur des Universités, Urbanisme et aménagement du territoire, Université de Perpignan, Kevin Mary, maître de conférences en géographie, Université de Perpignan et Nora Nafaa, chargée de recherche CNRS au laboratoire TELEMMe, Aix-Marseille Université (AMU). Publié le 24 janvier 2024

"La privatisation de l’éducation est une réalité désormais mondiale. Prenant racine dans les politiques de dérégulation de l’économie et des services engagées à partir des années 1980, ce processus controversé pousse le champ éducatif et le rapport à l’éducation des sociétés vers une marchandisation toujours plus grande.

Au cœur de ces transformations figure l’arrivée de nouveaux acteurs : les « édupreneurs ». Contraction d’« entrepreneurs » et d’« éducateurs », le terme renvoie à une réalité nouvelle. Celle d’entrepreneurs qui proposent de révolutionner l’éducation dans son organisation (en la rendant moins bureaucratique), son modèle économique (en hybridant public et privé), ses normes (à travers une évaluation permanente), ses outils (numériques) comme dans ses pratiques pédagogiques (en valorisant l’innovation et la rupture), tout en dégageant des bénéfices pour leurs actionnaires.

Qui sont ces édupreneurs ? Comment s’organisent-ils dans ce qui s’apparente à un marché planétaire ? Quels sont les enjeux en termes de politiques éducatives ou d’égalité sociale et territoriale ? Que penser de cette promesse disruptive de penser et faire autrement l’éducation ?"

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Dans l’enseignement supérieur, le poids croissant du privé pose de redoutables problèmes de régulation

Article du Monde, publié le 29 janvier.

Le président du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, Stéphane Le Bouler, appelle, dans une tribune au « Monde », à « bâtir une nouvelle régulation » des acteurs privés de l’enseignement supérieur, dont le poids est croissant.

"La dernière décennie a vu une augmentation continue des effectifs dans l’enseignement supérieur privé. Phénomène relativement nouveau dans le contexte français, cette évolution marque en tout cas un changement significatif dans la manière dont nous devons appréhender la régulation du secteur, au service de la qualité.

Cette croissance est en phase, chronologiquement, avec la création du répertoire national des certifications professionnelles par le ministère du travail, à travers la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002. Il s’agissait là de reconnaître et de valider les compétences acquises dans divers contextes, y compris hors du cadre traditionnel de l’enseignement supérieur public. Cela a ouvert la voie à une diversification des parcours éducatifs et à une reconnaissance accrue des formations proposées par le secteur privé.

La loi relative à la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018 a, de son côté, profondément transformé l’environnement de l’enseignement supérieur, avec l’envol de l’apprentissage, stimulé par de nouvelles modalités de financement et un certain nombre d’aides aux entreprises.

Des opérateurs nouveaux sont aujourd’hui présents sur ce marché et bousculent les équilibres bâtis au fil du temps. Avec 766 900 inscrits, l’enseignement supérieur privé représente désormais 26 % des effectifs globaux de l’enseignement supérieur."

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