Article The Conversation, publié le 20 novembre, rédigé par Alexandre Rambaud, Maître de conférences en comptabilité - Co-directeur des chaires "Comptabilité Ecologique" et "Double Matérialité", AgroParisTech – Université Paris-Saclay
Pour Alexandre Rambaud, "la question de donner une valeur économique à la nature n’est pas nouvelle et a fait l’objet de nombreux débats. Elle reste une problématique singulière dans le cadre des enjeux de soutenabilité. Elle évolue notamment dans une tension entre une sorte de nécessité d’intégration de la nature dans le système économique pour « mieux » la prendre compte et le risque de la marchandiser, de la réduire à un simple bien ou service économique."
Cette question est principalement abordée selon une rationalité économique particulière, devenue dominante, celle de l’économie néoclassique, reposant sur une axiomatique spécifique qui conditionne ainsi la conception de la « réalité » socio-économique. Schématiquement, selon ce point de vue, les agents économiques sont supposés être uniquement des êtres humains, cherchant à maximiser la satisfaction de leurs préférences individuelles.
Les entreprises n’y sont que des fictions, un « nœud de contrats » : seuls existent des actionnaires/propriétaires visant à accroître leurs dividendes en faisant progresser la productivité des actifs exploités. La société non plus n’existe pas réellement et est en fait un « simple » agrégat d’individus. La nature n’y joue qu’un rôle périphérique, instrumentalisé.
Différentes réflexions, en lien notamment avec la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), tendent néanmoins à proposer un cadre conceptuel nouveau. L'idée serait d'introduire la nature dans l’économie néoclassique.