Article du Monde, propos recueillis par Claire Legros et Isabelle Hennebelle, publié le 17 octobre 2023
Valérie Peugeot - lien externe, chercheuse, membre de la CNIL, et Henri Verdier - lien externe, ambassadeur pour le numérique, en appellent, dans un entretien croisé, aux Etats pour soutenir ces ressources ouvertes, gérées par une communauté de citoyens.
Tous deux s’intéressent de longue date aux communs numériques, ces ressources citoyennes, coproduites et ouvertes. Valérie Peugeot, chercheuse en sciences sociales du numérique et membre du collège de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), en a fait un objet d’étude. Henri Verdier, ambassadeur de la France pour le numérique après avoir été directeur interministériel du numérique, a mis la logique des communs au cœur de la stratégie française d’innovation et de souveraineté dans ce domaine.
Sur la question de L'État et des communs, Valerie Peugeot appelle à des "partenariats public-communs" : "L’Etat peut d’abord être un financeur des communs, par exemple lorsqu’une collectivité met un local ou un salarié à la disposition d’un tiers-lieu qui crée des ressources partagées. Il peut aussi être un facilitateur juridique, voire un protecteur de communs. En 2001, le gouvernement a créé le statut des sociétés coopératives d’intérêt collectif, les SCIC, dont se sont saisis des communs numériques comme Mobicoop, un site qui propose des solutions de covoiturage sans commission. L’Etat peut aussi intégrer les communs à la commande publique, par exemple lorsqu’il fait le choix du logiciel libre pour ses administrations ou pour le monde de l’éducation, plutôt que d’y introduire Microsoft. Enfin, les pouvoirs publics peuvent participer à la conception de communs, lorsque le ministère de l’éducation nationale choisit de développer une version de BigBlueButton, un équivalent de l’outil de visioconférence Zoom, mais en logiciel libre."