Extrait du podcast de France Internet, La tête au carré, du 8 septembre 2023
Jean Jouzel - lien externe a été l'un des premiers chercheurs français à travailler sur le réchauffement climatique dès les années 1970. Il a été vice-président du groupe de travail sur les bases physiques du changement climatique au GIEC. En février dernier, il a reçu le prix Vetlesen considéré comme l'équivalent du prix Nobel des sciences de la Terre.
Il a participé à un débat à l'université d'été du Medef, le 29 août 2023 à l’hippodrome de Longchamp. En compagnie, entre autres, de Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, et d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique. Il devait faire un état des lieux du lien entre le climat et les énergies, qui repose sur une somme de connaissances accumulées par la communauté scientifique depuis une cinquantaine d'années. Il a affirmé que "les combustibles fossiles étaient depuis 50 ans à l'origine des trois-quarts de l'augmentation de l'effet de serre qui, elle-même, était à l'origine de l'ensemble du réchauffement climatique que nous vivons".
Au sortir de cette rencontre, Jean Jouzel s'est exprimé dans le journal Les Echos pour exprimer son étonnement et sa déception face à la réponse du PDG de TotalEnergies. Il a reçu un accueil glacial tant il rappelle lui-même dans La Terre au carré "que ça n'a suscité aucun intérêt du côté des entrepreneurs, qu'il s'agissait vraiment d'un dialogue de sourds entre les climatologues et celle 'des fossiles'".
Le climatologue confie qu'il espérait vraiment que le dernier rapport du GIEC ferait davantage bouger les lignes face aux enjeux de la surconsommation. Il rappelle que c'est la définition même du capitalisme qui pose problème aujourd'hui : "Je constate que cette transition nécessaire n'imprime pas suffisamment chez les patrons d'entreprise. On a un problème de capitalisme. Le capitalisme tel qu'on le vit actuellement n'est pas compatible avec la lutte contre le réchauffement climatique. C'est vraiment un changement profond de mode de société auquel j'appelle. Si on reste dans le même cadre d'organisation de nos sociétés, je crains qu'on n'y arrive pas"