Revue de littérature #50

Les limites d’un numérique responsable désaxé

Article Le Bon Digital, rédigé par Alizée Colin et publié le 1er septembre 2023

"Le numérique responsable a-t-il perdu les pédales depuis qu’il est dans de plus en plus de discours ? 
« Transition numérique » et « transition écologique » s’articulent conjointement chaque jour davantage dans les bouches de dirigeants, de décisionnaires et de politiques. En réalité, cette reprise du sujet marque des faiblesses dans la véracité et l’honnêteté des discours. On y préfère parler d’optimisation que de décroissance du secteur du numérique.

C’est le point de bascule où le greenwashing s’infuse dans les discours techniques. Où l’on pense qu’une technologie optimisée et efficiente, bourrée de métaux rares, a une place centrale dans la réponse face au changement climatique, et à la sixième extinction de masse.

L’ambition de cet article est d’ouvrir la réflexion sur l’orientation que prennent certains discours lorsque l’on parle de « numérique responsable » ou de « tech for good ».

La sincérité de la plupart des acteurs de ces mouvements ne peut faire complètement barrage à une réappropriation économique ou politique, les désaxant de leur vision première : tenter de limiter les impacts néfastes du numérique. Le techno-solutionnisme est un fléau qui touche de plus en plus les mouvements reliés au numérique responsable, dont il ternit l’image."

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Géopolitique du numérique

Parution de l'ouvrage "Geopolitique du numérique" (Les Éditions de l'Atelier) d'Ophélie Coelho, chercheuse indépendante, spécialiste de la géopolitique du numérique. Cet ouvrage est une synthèse des travaux qu'elle a mené ces dernières années autour des enjeux géopolitiques du numérique, avec un focus particulier sur les acteurs privés et les mutations historiques, sociales et économiques du dernier siècle. C'est aussi un cadre général qui pose les jalons d'un travail de recherche à long terme.

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IA : le but est-il devenu le moyen ?

Article The Conversation publié le 31 aout 2023

"Dans leur ouvrage, « L’intelligence artificielle n’est pas une question technologique » (Éditions de l’Aube), Laurent Bibard, responsable de la filière Management et philosophie de l’ESSEC, et Nicolas Sabouret, professeur à l’Université Paris-Saclay où il dirige la graduate school d’informatique et sciences du numérique, soulignent qu’« il n’y a pas de problème d’intelligence artificielle, il n’y a que le problème de nos attentes à l’égard de ce que nous avons nous-mêmes créé »."

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Les communs, nouveau cadre de collaboration entre l’État et les citoyennes et citoyens ? Retour sur une note de discussion déposée au Parlement bruxellois (Belgique)

Article de Camille Lanssens, Doctorante en droit public, Aspirante F.R.S.-FNRS au sein du Centre de droit public et social de l'Université libre de Bruxelles.

"La résurgence d’un intérêt pour les communs se manifeste aussi en Belgique. En juillet 2021, deux députées ont déposé une « note de discussion » consacrée à cette thématique au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale. À partir du contenu de cette note, ce billet expose quelques évolutions récentes dans les rapports entre l’action publique et les communs en Belgique, en particulier au sein de la Région bruxelloise. À l’approche des élections de 2024, il est néanmoins peu probable que cette initiative débouche sur un résultat politique tangible dans un futur proche."

Le premier objectif est de familiariser les membres de l’assemblée à la thématique des communs. À cette fin, la note s’ouvre sur un contraste : bien que les communs n’aient significativement gagné en visibilité qu’à la suite de la remise du prix Nobel d’économie (2009) à Elinor Ostrom pour ses travaux sur le sujet, les communs ont « toujours » existé.

La note présente ensuite les communs comme destinés à « renforcer le bien être général », tel que ce bien-être peut être appréhendé, par exemple, à travers l’indicateur du « vivre mieux » de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE). 

La note de discussion se poursuit par une « brève histoire » des communs. Elle expose une série d’exemples contemporains, tant en Belgique qu’à l’étranger, de collaboration entre l’État et les communs. Ce passage particulier de la note marque le point de bascule entre son volet descriptif et son volet propositionnel.

En effet, au-delà de son ambition descriptive, la note vise surtout à « définir le rôle de la politique dans l’accompagnement et le développement des communs ». Elle se positionne tel un « cadre » pouvant permettre de poser les « premiers jalons » qui faciliteraient et favoriseraient de nouvelles formes de coopération entre l’État et les citoyen·ne·s. Concrètement, à travers l’introduction de cette thématique à l’assemblée, il est question in fine de positionner Bruxelles « à la pointe de l’innovation dans le domaine des partenariats public-communs ».

Plusieurs évolutions récentes mises en avant dans la note illustrent l’existence de certains bougés dans les rapports entre l’État ou l’action publique et les citoyen·ne·s en Belgique, et en particulier à Bruxelles. 

Nonobstant les limites du droit positif belge, les initiatives présentées dans la note de discussion reflètent l’émergence de deux tendances dans les rapports entre les citoyen·ne·s et la puissance publique : une esquisse de réponse des pouvoirs publics aux demandes des communeur·se·s et une légère infusion de la « logique des communs » dans l’élaboration des politiques publiques.

Première tendance : répondre aux demandes de reconnaissance, protection et soutien des communs
Deuxième tendance : infuser la « logique des communs » dans l’élaboration des politiques publiques

Déposée en juillet 2021 au Parlement, la note de discussion n’a été mise à l’agenda de la commission compétente qu’en mars 2023. Ce délai pourrait s’expliquer tant par la nécessité de traiter de certaines urgences en commission que par l’absence d’intérêt marqué des parlementaires pour cette thématique. À l’occasion de sa mise à l’agenda, la note a suscité de vives critiques dans le chef d’un groupe d’opposition (Mouvement Réformateur, libéraux francophones). Le groupe considère que le volet propositionnel de la note « soulève plusieurs problèmes de taille en matière de représentativité, de coût ou encore en matière de résultat ».

Les prochaines élections régionales ayant lieu en juin 2024, il est douteux que la note débouche sur un résultat politique tangible avant la fin de la législature. Néanmoins, elle aura eu le mérite, tout au moins, d’introduire pour la première fois formellement la thématique des communs dans une enceinte parlementaire belge, et de familiariser des députés à certaines problématiques que pose la résurgence des communs.

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