Laurence Allard
Maîtresse de conférences en Sciences de la Communication.
Rennes, le 24 et 25 mai 2023
Ce colloque - lien externe international et pluridisciplinaire vise à réfléchir sur les discours du numérique liés aux enjeux de transition écologique, de sobriété et d'éthique.
Maîtresse de conférences en Sciences de la Communication.
Maître de conférences en philosophie française contemporaine à l’Université Paris 8.
Professeur de philosophie.
Professeur en redirection écologique et design.
Doctorant au RMIT et au Centre de Recherche en Design (ENS Saclay, ENSCI).
Gauthier Roussilhe - lien externe est doctorant au RMIT - lien externe et au Centre de Recherche en Design - lien externe (ENS Saclay, ENSCI). L'objectif de son intervention est de poser la question suivante : le numérique aide-t-il à la transition écologique ?
Pour conclure sa présentation, Gauthier indique qu'il est nécessaire de redéfinir les priorités de la numérisation. "Pour l'instant, il y a un statu quo et il n'y a pas de preuve à l'échelle macro. Mais l'idée est là, les gens sont persuadés que ça fonctionne, mais il est également important de réfléchir aux cas où cela ne fonctionne pas."
Fabrice Flipo - lien externe est maître de conférences HDR en philosophie, ses travaux portent principalement sur la crise écologique et la philosophie sociale et politique.
Dans cette conférence, Fabrice Flipo nous invite à réfléchir sur l'importance des modes de vie influencés par ce qu'il appelle une invisibilisation du numérique.
Lors de l'introduction de sa conférence, Fabrice Flipo nous rappelle qu'en 2007, il était déjà avancé dans les discours que le numérique représentait 2% des émissions de gaz à effet de serre, autant que l'aviation. En 2008, le numérique était présenté comme une solution et non pas comme un problème. Aujourd'hui, il constate que les chiffres sont totalement ignorés et se demande pourquoi les choses n'avancent pas. "En 2008, c'était 2% et maintenant c'est 4%, et pourtant, nous continuons à avoir les mêmes débats. Il faut réaliser que nous ne sommes pas en train de mener le bon débat."
Fabrice Flipo sépare ces acteurs en 4 groupes, chacun ayant ses spécificités concernant le numérique :
Globalement la technologie pour ces acteurs est vu par son efficacité et non par la sobriété. Le consommateur a-t-il choisi ? Fabrice Flipo parle d'invisibilisation du numérique.
Fabrice Flipo conclut en disant que l'idée est d'arriver à articuler ces modes de vie - lien externe. Il propose d'obliger toutes les entreprises et l'État à chiffrer la trajectoire qu'ils cherchent à produire lorsqu'ils lancent un produit ou une loi, c'est-à-dire réaliser une étude d'impact.
1Wiener et la cybernétique - lien externe
2Schumpeter, - lien externe économiste et professeur en science politique autrichien naturalisé américain, connu pour ses théories sur les fluctuations économiques, la destruction créatrice et l'innovation
3Rapport Shift projet 2020 - lien externe
4Serge Moscovici, un regard sur les mondes communs - lien externe
Laurence Allard - lien externe est maîtresse de conférences en Sciences de la Communication, enseignante chercheuse, Université Paris 3-IRCAV, Faculté des sciences économiques sociales et des territoires à l'Université de Lille.
Sa présentation porte sur les discours et les pratiques technologiques et l'importance à donner ou re donner aux relations.
Laurence Allard conclut en partageant des expériences avec un Fablab mobile au Ghana qui permet de surcycler les déchets, de mettre en valeur les savoir-faire et de fabriquer le numérique avec du numérique. Elle présente ensuite le Repair café, un créalab centré sur la culture de la réparation, qui est un espace de surcyclage et permet de passer de la réparabilité à la dispensabilité.
1José Halloy, les technologies zombies - lien externe
2 Evgeny Morozov - lien externe
3Techno-racismes - Sous la direction de Maxime Cervulle et Franck Freitas, 2021 - lien externe
4Le colonialisme des données : repenser la relation entre le big data et le sujet contemporain, Nick Couldry et Ulises A. Mejias, 2022 - lien externe
5B - lien externeenoit Menange et Fabrice Flipo, - lien externeExtractivisme : lutter contre le déni, 2020 - lien externe
6Laurence Allard, Alexandre Moninn et Nicolas Nova, Écologie du smartphone, 2022 - lien externe
7Éco-fiction - lien externe
Alexandre Monnin - lien externe, est professeur à l’ESC Clermont Business School en redirection écologique et design, directeur du MSc « Strategy & Design for the Anthropocene » (ESC Clermont BS x Strate Ecole de Design Lyon), directeur scientifique d’Origens Media Lab et docteur en philosophie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Il revient également sur la technologie zombie de José Halloy1. Le numérique consomme beaucoup d'énergie, c'est vrai, mais ce n'est pas suffisant. On ne peut pas se contenter de cette vue étroite, c'est une technologie zombie coûteuse. Il faut proposer une approche biopolitique positive et éthique qui prenne en compte les dispositifs numériques. La position technocritique et la critique environnementale ne sont pas suffisantes.
Ce qui n'est pas sobre, ce ne sont pas seulement les technologies, mais aussi les modèles économiques sous-jacents. Pour Alexandre, il est nécessaire de recentrer le débat et de reconsidérer ces modèles économiques.
Alexandre nous parle de la sociologie des attachements de Callon2. C'est pendant les épreuves que l'on mesure les attachements, quand l'attachement est vulnérabilisé. Par exemple, pendant la crise des gilets jaunes, on se rend compte que les personnes sont attachées à la voiture. Il faut comprendre la nature des attachements, enquêter pour réfléchir au désattachement, pour penser une forme de sobriété.
Il revient sur la sobriété et parle de la sobriété en extension, en prenant en compte l'empreinte environnementale et les aspects quantitatifs. Il est important de rappeler que la sobriété ne garantit pas automatiquement le bonheur.
Alexandre Monnin conclut en expliquant que la consommation globale du secteur ne cesse d'augmenter (effet rebond), mais on ne nous explique pas comment aller vers la sobriété. Il n'y a pas de chemin politique clair, ce qui soulève la question comment y arriver ?.
Les conférences détaillées ci-dessus montrent que la transition numérique et écologique est une réalité. Cependant, il est important de se poser la question de la durabilité du numérique. En effet, le numérique, qui semble de plus en plus invisible, a des impacts significatifs sur nos modes de vie. Pour imposer de la sobriété et réduire ces impacts, il est nécessaire de définir des trajectoires. Cela implique une juste articulation de nos modes de vie et une revalorisation des relations humaines. Une écologie mentale devient donc nécessaire.
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