Tribune Le Monde, Publié le 18 novembre 2022.
Agir sans plus attendre contre le dérèglement climatique est devenu une nécessité partagée par tous les acteurs de la société.
Pour agir, il convient d’actionner plusieurs leviers en même temps. Or, dans le « répertoire d’actions climatiques », il existe un outil particulièrement utile et efficace : le développement de l’économie circulaire. L’économie circulaire désigne un modèle économique dont l’objectif est de produire des biens et des services de manière durable, en réduisant et limitant la consommation et les gaspillages de ressources (matières premières, eau, énergie) ainsi que la production de déchets.
Il s’agit de rompre avec le modèle de l’économie linéaire (extraire, fabriquer, consommer, jeter) pour créer des modèles durables et respectueux. Elle est aujourd’hui réduite à la notion de recyclage ou de gestion des déchets, alors qu’elle se révèle être un formidable outil de souveraineté et d’attractivité, tant économique, sociale que politique. Préserver les ressources, protéger notre environnement, protéger notre santé, dynamiser le développement économique et industriel des territoires, réduire les déchets et le gaspillage : l’économie circulaire constitue indéniablement une réponse efficace et compétitive aux enjeux contemporains auxquels nous sommes collectivement confrontés.
Rendre circulaires l’ensemble des secteurs d’activité permet de s’attaquer à 45 % des émissions globales de gaz à effet de serre, soit près de la moitié du combat pour atteindre collectivement la neutralité carbone, et de consommer les ressources planétaires au moins à leur rythme de renouvellement.
Elle est source par ailleurs de création d’emplois : son développement pourrait permettre la création de près de 300 000 emplois dans les prochaines années.
Pour réussir, l’économie circulaire devra compter sur l’effort conjoint des trois grands types d’acteurs : les entreprises par leur offre de produits et de solutions (écoconception, économie de la fonctionnalité, écologie de production) ; les consommateurs, appelés à choisir des produits durables, à produire moins de déchets, à systématiser la réparation, la réutilisation, le réemploi et toujours le tri sélectif ; les pouvoirs publics qui se doivent d’organiser les conditions favorables au développement de ce secteur d’activité.
Confrontés à l’urgence, force est de constater que chacun des acteurs accélère. Les pouvoirs publics mettent en place le cadre réglementaire : les lois antigaspillage pour une économie circulaire (AGEC) et Climat et résilience ont ouvert la voie. Les avancées technologiques, les changements générationnels, les risques commerciaux, et les nouvelles réglementations favorisent la transition des entreprises et les attentes des consommateurs accompagnent cette transition.
Il est nécessaire d’aller encore plus loin, de penser l’économie circulaire de manière systémique et d’en faire un nouveau paradigme. Plus qu’un outil, elle doit faire l’objet d’une stratégie nationale co-construite entre l’ensemble de ces acteurs comme tout projet global d’envergure.
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