Alors que la « sobriété » s’impose comme le maître mot de cette rentrée, quels sont les impacts environnementaux des systèmes d’information (SI) des collectivités ? Et quels sont les leviers d’actions possibles ?
La 7e édition du Benchmark GreenIT, réalisée avec le Club Green IT, Espelia et Resilio (EPFL, Suisse), parue jeudi 22 septembre, permet de dresser plusieurs constats et de proposer des leviers d’actions. Pour cette 7e édition, et la deuxième qui intègre des collectivités, les SI de dix organisations privées et publiques ont été passés au crible, dont ceux de deux collectivités : Grenoble Alpes métropole, avec une DSI mutualisée pour la ville, la métropole et le centre communal d’action sociale, et la communauté de communes Maremne Adour Côte Sud.
Selon les résultats de cette étude, il apparaît que « les impacts environnementaux des systèmes d’informations étudiés se concentrent majoritairement dans l’environnement de travail des utilisateurs, et au niveau des centres informatiques. Le réseau est le troisième contributeur aux impacts environnementaux », relève le benchmark. Dans le détail, un utilisateur du SI consommerait en moyenne déjà 25 % du total des émissions de gaz à effets de serre (GES) qu’il pourrait émettre annuellement (ou 43 % de la limite planétaire selon une autre modalité de calcul à l’échelon européen) pour rester en dessous d’une hausse de 1,5 °C de réchauffement climatique. Les efforts à fournir sont donc très importants : il faudrait « diviser par un facteur 4 à 10 le poids du système d’information pour être soutenable », pointe le communiqué de presse.
Une empreinte plus faible que le privé
En comparaison, l’empreinte partielle (1) des collectivités locales est plus faible que celle des acteurs privés, mais cela tient plutôt au fait que les agents sont structurellement moins équipés, et que les collectivités ont besoin de moins de puissance informatique de calcul pour délivrer leurs services, et d’une moindre quantité d’espaces de stockage. Cette moindre empreinte ne tient donc pas spécialement à la mise en place de bonnes pratiques. D’ailleurs, l’étude pointe parmi les chantiers qui restent à investir, le Bring your own device (qui permet de réduire le nombre d’équipements en permettant par exemple d’avoir un seul smartphone et deux cartes Sim), ou l’écoconception de services numériques.
Gare au puzzle dont les pièces ne s’emboîteraient pas
Par ailleurs, « les collectivités se penchent sur le numérique de façon très segmentée », comme le constate Léo Donse, en charge du numérique au sein du cabinet Espelia. « Stratégie smart city, schéma directeur des SI, stratégie d’inclusion numérique, numérique responsable : certaines multiplient les entrées dans le numérique sans que les différentes entités ne se parlent, ce qui peut déboucher sur des contradictions », pointe-t-il. « C’est à l’image d’un assemblage de pièces d’un même puzzle qui ne s’emboîtent pas : les préconisations de sobriété numérique issues des plans d’actions imposés par la loi « Reen » [réduction de l’empreinte environnementale du numérique] qui viendraient se heurter frontalement à des stratégies de déploiement de capteurs pour la ville intelligente par exemple », relève l’étude.
Allonger la durée de vie des équipements
Parmi les recommandations formulées dans l’étude figure l’allongement de la durée de vie des équipements. Un axe que prône également l’Arcep, - lien externe et qui figure en bonne place dans la loi « Reen » via le réemploi et le reconditionnement. « On pense que les collectivités pourraient pousser à cinq à six ans l’utilisation de leurs équipements, et s’intéresser à leur fin de vie, via du réemploi notamment, ou du recyclage. Via la commande publique, nous recommandons également l’achat d’équipements écolabelisés », détaille Léo Donse.