Revue de littérature #13

Podcast France Culture : Existe-t-il une consommation sobre de l'information ?

53% des Français souffrent de "fatigue informationnelle", selon une étude publiée le 1er sept. par la Fondation Jean Jaurès. En 1981, Edgar Morin écrivait déjà : "Nous sommes comme aveuglés par un nuage informationnel". Comment public et médias peuvent-ils lutter contre cet excès ou "infobésité" ?

Avec : Sylvain Parasie - lien externe (sociologue, maître de conférence à l’Université Paris-Est / Marne-la-Vallée, co-auteur avec Jean-Samuel Beuscart - lien externe et Éric Dagiral - lien externe de « Sociologie d’internet » ed. Armand Colin.), David Medioni - lien externe(Journaliste, co-auteur du blog “Yes they can”), Aude Carasco - lien externe (Cheffe de la rubrique médias à La Croix).

Sobriété numérique : encore un long chemin à parcourir

Alors que la « sobriété » s’impose comme le maître mot de cette rentrée, quels sont les impacts environnementaux des systèmes d’information (SI) des collectivités ? Et quels sont les leviers d’actions possibles ?

La 7e édition du Benchmark GreenIT, réalisée avec le Club Green IT, Espelia et Resilio (EPFL, Suisse), parue jeudi 22 septembre, permet de dresser plusieurs constats et de proposer des leviers d’actions. Pour cette 7e édition, et la deuxième qui intègre des collectivités, les SI de dix organisations privées et publiques ont été passés au crible, dont ceux de deux collectivités : Grenoble Alpes métropole, avec une DSI mutualisée pour la ville, la métropole et le centre communal d’action sociale, et la communauté de communes Maremne Adour Côte Sud.

Selon les résultats de cette étude, il apparaît que « les impacts environnementaux des systèmes d’informations étudiés se concentrent majoritairement dans l’environnement de travail des utilisateurs, et au niveau des centres informatiques. Le réseau est le troisième contributeur aux impacts environnementaux », relève le benchmark. Dans le détail, un utilisateur du SI consommerait en moyenne déjà 25 % du total des émissions de gaz à effets de serre (GES) qu’il pourrait émettre annuellement (ou 43 % de la limite planétaire selon une autre modalité de calcul à l’échelon européen) pour rester en dessous d’une hausse de 1,5 °C de réchauffement climatique. Les efforts à fournir sont donc très importants : il faudrait « diviser par un facteur 4 à 10 le poids du système d’information pour être soutenable », pointe le communiqué de presse.

Une empreinte plus faible que le privé

En comparaison, l’empreinte partielle (1) des collectivités locales est plus faible que celle des acteurs privés, mais cela tient plutôt au fait que les agents sont structurellement moins équipés, et que les collectivités ont besoin de moins de puissance informatique de calcul pour délivrer leurs services, et d’une moindre quantité d’espaces de stockage. Cette moindre empreinte ne tient donc pas spécialement à la mise en place de bonnes pratiques. D’ailleurs, l’étude pointe parmi les chantiers qui restent à investir, le Bring your own device (qui permet de réduire le nombre d’équipements en permettant par exemple d’avoir un seul smartphone et deux cartes Sim), ou l’écoconception de services numériques.

Gare au puzzle dont les pièces ne s’emboîteraient pas

Par ailleurs, « les collectivités se penchent sur le numérique de façon très segmentée », comme le constate Léo Donse, en charge du numérique au sein du cabinet Espelia. « Stratégie smart city, schéma directeur des SI, stratégie d’inclusion numérique, numérique responsable : certaines multiplient les entrées dans le numérique sans que les différentes entités ne se parlent, ce qui peut déboucher sur des contradictions », pointe-t-il. « C’est à l’image d’un assemblage de pièces d’un même puzzle qui ne s’emboîtent pas : les préconisations de sobriété numérique issues des plans d’actions imposés par la loi « Reen » [réduction de l’empreinte environnementale du numérique] qui viendraient se heurter frontalement à des stratégies de déploiement de capteurs pour la ville intelligente par exemple », relève l’étude.

Allonger la durée de vie des équipements

Parmi les recommandations formulées dans l’étude figure l’allongement de la durée de vie des équipements. Un axe que prône également l’Arcep, - lien externe et qui figure en bonne place dans la loi « Reen » via le réemploi et le reconditionnement. « On pense que les collectivités pourraient pousser à cinq à six ans l’utilisation de leurs équipements, et s’intéresser à leur fin de vie, via du réemploi notamment, ou du recyclage. Via la commande publique, nous recommandons également l’achat d’équipements écolabelisés », détaille Léo Donse.

Sobriété : comment vivre aux rythmes de la nature ?

"Imaginons : dans un avenir proche, notre société fait le choix de la sobriété énergétique. Finie l’énergie disponible en permanence au bout du doigt grâce au nucléaire, au charbon ou au pétrole. Il faudra apprendre à faire avec de l’énergie intermittente : abondante lorsque les éoliennes peuvent brasser du vent, les panneaux photovoltaïques capter les rayons du soleil ou les centrales hydrauliques profiter du débit de la rivière ; rare en d’autres occasions.

Ce scénario impliquerait un changement de mode de vie majeur : nous redécouvririons, comme avant l’ère industrielle, des périodes d’activité intense alternant avec des moments de désœuvrement. Comment cela affecterait-il notre manière de travailler, de consommer de l’énergie, mais aussi notre rapport à l’ennui, aux sons environnants et aux rêves ?

Nous avons demandé à des spécialistes de ces questions de se livrer à un petit exercice d’imagination pour nous."

The socialter
Par Nicolas Celnik - lien externe 
Publié le 19 septembre 2022
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