Article de Servane Duquenois, journaliste à l'ADN
La rentrée 2022 voit naître une flopée de programmes centrés sur les enjeux de transition dans les universités et les grandes écoles de tout le pays.
En 2022, le supérieur se met (vraiment) au vert
Le Manifeste pour un Réveil Écologique - lien externe, signé par 30 000 étudiants en 2018 pour appeler les grandes écoles à prendre au sérieux la transition, a amorcé une lame de fond.
En février dernier, le rapport Jouzel, du nom du climatologue Jean Jouzel qui en est l’auteur, a été remis à la ministre de l’Enseignement Supérieur, avec un objectif ambitieux : former 100 % des étudiants de bac+2 à la transition écologique d’ici cinq ans.
Cette année, les initiatives se multiplient, à tel point qu’il est difficile d’en faire le tour, explique Christian Koenig. Ancien membre de l’administration de l’ESSEC, il fait partie de l’équipe du Campus de la Transition - lien externe, une structure originale qui propose aux universités et aux grandes écoles de les aider à développer leurs formations sur la transition.
Proposer un cours sur le développement durable ne suffit plus
Les sollicitations que reçoit le Campus de la Transition ne sont pas seulement plus nombreuses, elles changent aussi de nature. Jusqu’ici, les établissements développaient quelques cours isolés ou des spécialisations à bac+4 ou bac+5. Or ce type d’initiative n’intéresse que des personnes déjà sensibles à la crise environnementale, et dépasse rarement quelques dizaines d’étudiants par an.
C'est bien l’enjeu de cette mue de l’enseignement supérieur : saupoudrer quelques cours de développement durable sur une formation ne suffit pas. Et l'idée fait son chemin parmi les personnels administratifs et enseignants.
C’est tout l’enseignement supérieur français qui, depuis quelques mois, se donne enfin les moyens de former les jeunes à la transition, en suivant l’exemple de pionniers qui expérimentent depuis des années.
Inertie, quand tu nous tiens
Bien sûr, il reste des réfractaires. L’impression de branle-bas de combat général ne doit pas nous faire oublier « la très grande inertie » qui persiste dans certaines écoles, reconnaît Christian Koenig.
Le Shift Project rappelait dans son rapport de 2019 que 76 % des formations du supérieur en France ne comportent aucun cours sur le climat…
Si les classements changent, les écoles changent
Pour Christian Koenig, ce qui peut faire évoluer les écoles, notamment les écoles de management, ce sont les classements nationaux et internationaux, dont dépend leur réputation. Et cela tombe bien : depuis quelques années, ils sont nombreux à ajouter des critères environnementaux à leur grille d’évaluation. Le podium du sacro-saint classement des écoles de management a longtemps été la chasse gardée des « trois parisiennes » (HEC, ESSEC, ESCP). Mais en octobre 2021, le classement des écoles de commerce les plus engagées en matière d’écologie réalisé par Change NOW et Les Echos Start proposait un tout autre top 3 : ESCP, Montpellier Business School, EM Lyon. HEC ne figure même pas dans le top 15... Un coup de pression plutôt bienvenu.